Les Idées mènent le Monde dimanche : les principales déclarations et les vidéos
Florence Aubenas
Florence Aubenas
Journaliste, écrivaine.
Journaliste et grand reporter pour Libération, le Nouvel Observateur puis Le Monde, Florence Aubenas est réputée pour s’engager pleinement dans le reportage de terrain, notamment au Rwanda, en Afghanistan ou en Irak. Ce qui lui valut d’être retenue en otage pendant près de cinq mois à Bagdad en 2005.
Elle s’implique dans ses enquêtes pour être au plus près du réel des hommes et des femmes.
Le thème de sa Rencontre : « Exister c’est résister ».
Elle a dit :
- "Quand j'enquête, je sonne chez les gens et j'entends : "Viens voir, il y a l'otage devant porte !" Ca crée forcément du lien avec les gens."
- "Ecrire sur des situations en temps réel sans connaître la fin de l'histoire, c'est intéressant. L'important n'est pas d'avoir raison plus tard mais de dire fidèlement ce qui se passe."
- "Quand je suis rentrée de captivité, ma famille m'a demandé de ne pas repartir au-delà du périph. J'ai dit "oui" mais ça n'a pas duré."
- "J'étais un mauvais otage. J'étais numéro 6 mais ils me disaient : "On devrait vous appeler l'otage 0 car vous êtes nulle comme otage." Ils me demandaient de me taire mais je ne pouvais pas m'empêcher de répondre."
- "Ce qui m'est arrivé, c'est un accident de guerre. Je savais que ça pouvait arriver en tant que journaliste."
Jean-François Colosimo
Jean-François Colosimo
Auteur, essayiste, éditeur.
Auteur récemment de La Crucifixion de l’Ukraine : Mille ans de guerres de
religions en Europe (essai), Albin Michel, 2023 et Occident : ennemi mondial n°1, Albin Michel, 2024
« Pourquoi tant de haine ? » s’interroge le directeur général des Éditions du Cerf, historien et essayiste. Jean-François Colosimo a publié en 2023 La Crucifixion de l’Ukraine ? et cette année L’Occident, ennemi n°1, une thèse limpide et, disons-le, angoissante sur ce qui fédère désormais la Chine, la Russie, la Turquie, l’Iran et l’Inde.
Le thème de sa Rencontre : « La cible c’est l’occident ».
Il a dit :
- "L'axe du monde et son devenir basculent. Cela a commencé il y a longtemps mais aujourd'hui nous voyons ces néo empires qui nous visent directement."
- "Poutine, Xi Jinping, Modi, Khamenei ont des projets impériaux. Ils ont tous le même discours : l'ordre mondial est à reconstruire et il faut mettre à bas l'occident."
- Dans ces néo empires, pour domestiquer les masses, Poutine, Erdogan, Modi, Khamenei, Xi Jinping s'appuient sur les religions car la religion c'est inclusif, exclusif et force de mobilisation."
- "L'Europe a été incapable de construire une défense ou une diplomatie commune. La France est le seul pays d'Europe à détenir l'arme nucléaire, une armée complète : terre, mer, air. Notre armée a connu le feu et nous sommes présents sur toutes les mers. Nous avons des savants éclairés qui sont allés partout. Pour toutes ces raisons, beaucoup de peuples comptent sur nous pour défendre la notion d'humanité. Mais pour la défendre, il ne faut pas être inconséquent et faible."
Jérôme Fourquet
Jérôme Fourquet
Directeur du Département Opinion et Stratégies d’Entreprise de l’Ifop
Notre pays change en profondeur. Chacun jugera si c’est en bien ou en mal mais au moins avec Jérôme Fourquet on sait de quoi on parle, disait de lui l’un de ses confrères.
Directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop, Jérôme Fourquet est l’auteur de plusieurs best-sellers sociologiques dont L’Archipel français en 2020. Son dernier livre Métamorphoses françaises résonne idéalement avec le thème de cette 10e édition.
Le thème de sa Rencontre : « Est-ce ainsi que vivent les Français ? ».
Il a dit :
- "Le travail de l'IFOP c'est donner la photo la plus précise possible pour que la population ou les politiques s'appuient sur des éléments communs."
- "Depuis 40 ans, on observe deux mouvements majeurs : la vitesse des transformations et la profondeur de ces changements dans tous les domaines de la société. C'est vertigineux !"
- "Un exemple : l'explosion du nombre de prénoms. De la Révolution française aux années 45, il y avait environ 2000 prénoms différents donnés par an. Aujourd'hui, il existe 13000 prénoms donnés chaque année. La transmission des prénoms de génération en génération est aujourd'hui remplacée par l'objectif de singularité. On veut se distinguer. C'est un marqueur profond du changement de la société."
- "Le déclin des effectifs dans l'agriculture s'accentue. En 1998, il y avait 1 million d'exploitations. En 2024 il en reste 380 000. Le monde agricole est en voie de disparition.
Aziliz Le Corre
Aziliz Le Corre
Journaliste, essayiste.
En France, en Europe, partout en Occident, la démographie est au point mort. Alors que ce déclin semble inéluctable, le mouvement « No Kids » gagne du terrain. Journaliste au cœur du débat public, diplômée de philosophie, Aziliz Le Corre est l’auteur de L’enfant est l’avenir de l’homme, un plaidoyer vibrant en faveur de l’amour et de la transmission.
Le thème de sa Rencontre : « Des enfants pour l’avenir du monde ».
Elle a dit :
- "Si on veut vraiment défendre les femmes, il faut leur permettre de pouvoir s'épanouir là où elles veulent s'épanouir."
- "Une femme devrait pouvoir être un homme comme un autre."
- "Quand on porte un enfant, on habite pour la première fois le monde. Un enfant nous permet de revoir des choses qu'on avait peut-être jamais vraiment vues, de poser un regard émerveillé sur les choses."
- "Si on n'enfante pas, ça n'a pas de sens de sauver la planète. Si on arrête d'enfanter, il n'y aura plus personne à sauver !"
Nicolas Bouzou
Nicolas Bouzou
Essayiste, chroniqueur.
Économiste et essayiste reconnu pour ses analyses sur les défis auxquels font face les économies modernes, Nicolas Bouzou est connu pour être un défenseur de la croissance économique
par l’innovation et un pourfendeur de la surrèglementation des services publics.
Selon lui, la peur est mauvaise conseillère et elle ne peut générer la prospérité qu’il considère comme nécessaire pour résoudre des problèmes sociaux.
- Thème de sa Rencontre : « Notre ennemie la peur ».
Pour Nicolas Bouzou :
- "Il ne s’agit pas d’avoir peur, il s’agit d’agir ; la peur ne nous sert à rien. Les décennies 2040-2050 vont être fantastiques. On va capitaliser sur tous les progrès techniques et technologiques. Le combat à mener est de trouver des solutions !"
- "Quand les Français sont rassemblés autour d’un projet d’excellence et qu’on leur donne les moyens d’agir, ça donne des résultats exceptionnels : les JO ou la reconstruction de Notre-Dame en sont de parfaits exemples."
- "Les Français sont travailleurs et courageux et sont capables du meilleur. Face aux défis, la France impressionne le Monde."
- "Avec la concurrence des médias, on assiste à un concours de catastrophes. Prédire une catastrophe vous donne d’ailleurs l’air intelligent. Mais quand on fait le bilan, ceux qui prédisent se trompent toujours car ils oublient un élément fondamental : la nature de l’homme, sa liberté, sa capacité à résoudre des problèmes qui semblent insurmontables."
Isabelle Ithurburu & Gisèle Montaut
Isabelle Ithurburu & Gisèle Montaut
Journaliste sportive, animatrice de télévision
Elle intègre le service des Sports de Canal+ et couvre le rugby sur la chaîne cryptée, rejoint le Groupe TF1 pour couvrir la Coupe du Monde de Rugby 2023 et remplace Nikos Aliagas à la présentation de 50’ Inside. Elle est la marraine du livre de Gisèle Montaut, Féminins plurielles, Éditions Monhélio.
Le thème de sa Rencontre : « Femmes de conquête ».
Elles ont dit :
- "Les femmes dans notre société actuelle et passée souffrent d’effacement. Elles méritent qu’on les mette en valeur. Dans les parcours, le facteur chance ça veut dire aussi accepter de la saisir, sortir de sa zone de confort et s’adapter, prendre des risques."
- "Je suis féministe, plus par l’exemple que par militantisme. Je veux montrer que malgré les difficultés, on peut aller au bout du chemin qu’on a choisi et même encore continuer car le chemin n’est jamais fini."
- "Ce sont aussi les hommes qui m’ont fait grandir, car ils m’ont laissé de la place, il faut le dire. On a aussi besoin d’eux pour avancer, il faut les inclure."
- "La clé de tous les parcours est l’amour qu’on nous donne et la confiance que ça nous donne aussi. Alors on n’a pas peur de prendre des risques. La clé c’est donc l’éducation des enfants, les garçons comme les filles."
Antoine Compagnon
Antoine Compagnon
Professeur émérite au collège de France.
Spécialisé en littérature française et en théorie littéraire en tant que professeur au Collège de France et à l’université Columbia à New York, Antoine Compagnon prône une lecture attentive et exigeante des textes littéraires, qu’il considère comme une voie d’accès à une compréhension plus profonde de la condition humaine.
Reconnu pour ses travaux sur Montaigne et Baudelaire, qu’il considère comme des auteurs fondateurs de la modernité, il insiste dans ses écrits sur la richesse culturelle des grandes œuvres de la littérature française permettant la compréhension fine du monde et des hommes qui y vivent.
Le thème de sa Rencontre : « Des chiffres et des lettres ».
Il a dit :
- "Ça ne sert à rien de lire, c’est pour le plaisir dans un monde très utilitaire. C’est comme ce matin, j’ai flâné à Pau, ça m’a fait plaisir, ça ne sert à rien, mais c’est important."
- "Lorsque nous lisons, on ne sait pas ce qu’on gardera mais un jour l’expérience que nous en retirons aura fructifié et nous rendra plus apte à rebondir sur les accidents de la vie."
- "Depuis 15 jours, j’ai changé d’avis sur la littérature industrielle, celle de l’intelligence artificielle. Après avoir lu « The Maniac », je crois qu’elle sera capable un jour de créer une nouvelle littérature."
- "La lecture est une activité lente, et donc fragile dans notre monde. Il n’y a pas de gain de productivité possible. Je ne lis pas plus vite que Montaigne qui, lui, ne lisait pas plus vite que Platon."
- "Pour chacun, la littérature est ce qu’il lit. Tout ce qui est lu est bien, on n’a pas de classement à faire."
Frédéric Encel
Frédéric Encel
Docteur en géopolitique, professeur à Sciences-Po Paris, directeur de recherches à l’Institut français de Géopolitique, chroniqueur
Frédéric Encel est régulièrement l’invité des plus grands médias. À juste titre tant son expertise compte pour décrypter les tragédies en cours au Moyen-Orient. Il est l’auteur de très nombreux ouvrages dont Les Voies de la puissance en 2022, Atlas géopolitique d’Israël, Les 100 mots de la guerre et les Petites leçons de diplomatie en 2023 ainsi que L’Art de la guerre par l’exemple en 2014.
Le thème de sa Rencontre : « Palestine-Israël, y a-t-il une issue ? »
Il a dit :
- "J’ai envie de d’être optimiste car le pragmatisme des régimes politiques, même fanatiques, est lié à sa propre survie ; ils ont envie de sauver ce qu’ils peuvent."
- "Il nous appartient, nous Européens, à monter en puissance, à ne pas être inféodés pour ne pas subir les pressions extérieures. Outre la puissance économique, c’est le « hard power » qu’il faut travailler : la puissance stratégique militaire et politique."
- "Il faut bien comprendre qu’au Moyen-Orient, on peut être « pour » et « contre » : c’est possible de s’entendre tout en restant ennemi. Dès qu’on a compris ça, on est beaucoup plus apaisé."
- "Ce nouvel épisode dans la déstabilisation de la Syrie entrainera pour l’Europe une nouvelle crise migratoire : des millions de gens fuiront leur pays."
- "Face à la haine, la frontière est un remède, elle n’est pas forcément un « front ». C’est un instrument pourvoyeur d’une forme de stabilité, chacun vivant sa vie comme il l’entend."