Les monuments incontournables de Pau
Le Château de Pau
Lieu de naissance d'Henri IV, le château de Pau est un des éléments fondateurs de la ville. Aujourd'hui musée et domaine national, il est l'expression de la rencontre du monument et de l'histoire, là où le mythe du «Bon roi Henri» s'incarne. Musée national, il présente aujourd'hui un riche ensemble décoratif datant du 19e siècle et une vaste collection consacrée à Henri IV.
C'est probablement au 11e siècle qu'une première construction à vocation défensive est construite sur l'éperon rocheux qui domine la vallée du Gave. Tirant le meilleur parti d'un site stratégique favorable à la fortification, les vicomtes de Béarn construisent un château fort d'une rude simplicité. Vers la fin du 14e siècle, en pleine guerre de Cent Ans, Gaston Fébus remanie le château pour en faire une citadelle imprenable dont le haut donjon en briques est le témoin.
Au milieu du 15e siècle, Pau est choisie comme capitale du Béarn et l'accession au trône de Navarre (royaume alors indépendant) de la dynastie des Foix-Béarn lui confère un nouveau statut de palais d'agrément où séjourne la cour. Henri d'Albret et Marguerite de Navarre font souffler un vent de Renaissance : le percement de grandes ouvertures vers les montagnes, la recherche de nouveaux décors mais aussi une attention toute particulière portée aux jardins, transforment profondément l'aspect du château et de son domaine.
Il tombe peu à peu en désuétude jusqu'au 19e siècle où Louis-Philippe puis Napoléon III apportent un soin particulier à sa restauration, en hommage à son glorieux ancêtre Henri IV. Inscrit sur la première liste des Monuments historiques de 1840 par Prosper Mérimée, le château va faire l'objet de nombreuses restaurations qui vont contribuer à lui donner son aspect contemporain.
L'Hôtel Peyré
Il est nommé à tort «Hôtel de Sully» car ce dernier n’a jamais séjourné dans cette demeure de la famille Peyré. La situation d'apparat de cet hôtel particulier face au château traduit le mode de vie de l’aristocratie du 17e siècle. Son architecture est remarquable avec sa riche façade et ses toits à l’impériale. Dans le vestibule, son escalier droit et son sol en calade illustrent le faste des propriétaires dont les armes sculptées ornent le lieu.
Le parlement de Navarre
Récemment restauré, le Parlement de Navarre incarne la dimension de capitale politique de Pau. D'abord résidence paloise des évêques de Lescar au 15e siècle, il devient le siège du Parlement de Navarre «séant à Pau» en 1620. Il est le symbole du rattachement du Béarn à la couronne de France.
Malgré la dissolution du Parlement en 1789, le bâtiment continue d'abriter l'administration de la justice jusqu'en 1856, année de son transfert au Palais de Justice situé place de la Libération. Dès lors, il connaît bien des usages : école primaire, musée, ou encore dépôt des archives départementales. En 1884, l'ancienne église Saint-Martin qui jouxte l'édifice est détruite. La «Tour du Parlement» qui se dresse encore sur la place en est un vestige : c’est en réalité son clocher.
Le Conseil Général du département des Basses-Pyrénées s’y installe en 1927.
Les aménagements modernes proposés par l'architecte Larregain, à l'image de la charpente métallique, dessinent le profil du bâtiment tel que nous le connaissons. De nos jours, il accueille les assemblées du Conseil Départemental des Pyrénées-Atlantiques.
L'église Saint-Martin
L’église Saint-Martin, initialement construite au 13e siècle tout près du château est devenue vétuste et trop exiguë pour accueillir un nombre croissant de fidèles. Elle ne correspond plus aux standards de la clientèle mondaine en villégiature à Pau au 19e siècle. Dès lors, la reconstruction de Saint-Martin devient un enjeu de taille : elle signe le nouvel élan du développement urbain et la conquête du balcon face aux Pyrénées.
Si le choix de son implantation anime les débats, c’est finalement sur cet emplacement de premier choix, en bordure du Boulevard de Midi, qu’est construite l’église du saint patron de Pau. Elle s’impose comme une nouvelle façon de penser la ville, s’ouvrant vers son fabuleux panorama.
L'architecte Emile Boeswillwald conçoit l'édifice comme une œuvre d'art totale. De style néo-gothique, elle est inaugurée en 1871, au terme de 10 ans de travaux.
A l’intérieur, la richesse du décor du ciborium témoigne des influences orientalistes néo-byzantines, dont le style est très prisé à l’époque. Les décors flamboyants sont achevés en 1884 et tranchent avec la nudité apparente de l'édifice. A l’extérieur, son square, véritable écrin de verdure sublimant l’édifice, a fait l’objet d’un réaménagement en 1937 pour accueillir le monument aux morts, la France victorieuse.
Le Funiculaire et le pavillon des arts
Au 19e siècle, la ville se développe face aux Pyrénées sur le plateau rocheux surplombant la plaine du Gave de Pau. A l’époque, destination prisée et cosmopolite, sa gare, située en contrebas, accueille un premier train en 1863. Cependant, le fort dénivelé rend difficile d’accès les hôtels de la place Royale en ville haute.
Les sentiers du roi sont alors créés. Dans l'esprit de la station climatique, une palmeraie est plantée dans la pente selon le projet du conseiller municipal Louis de Joantho : « A voir ces palmiers, on se croirait dans une ville d'Afrique ». L'effet exotique escompté semble atteint.
En 1900, la construction du boulevard des Pyrénées nécessite une liaison plus adaptée aux exigences de la vie moderne. Huit ans plus tard, l'appel de la corne de brume du pilote sonne le départ du premier voyage du funiculaire. Des tickets au prix de 10 centimes sont vendus au guichet de la rotonde. Rénové dans les années 1970, le funiculaire est désormais gratuit pour tous les passagers et accueille toujours les voyageurs en provenance de la gare.
L'esplanade du funiculaire, dans le prolongement de la place Royale, correspond au toit-terrasse du Pavillon des Arts. Ce dernier cultive le paradoxe d'être aussi monumental vu d'en bas, que discret vu d'en haut. Construit en 1831 à flanc de coteau, son propriétaire, M. Barrau en fait une «maison des bains». Ce bâtiment comprend alors le logement de fonction de l’exploitant, des cabines de bains et deux appartements de dix pièces chacun proposés à la location.
En 1884, la ville rachète l'établissement. Après d’importants travaux d’agrandissements, elle y installe son casino, le Pavillon de Midi, jusqu’en 1899. L'époque est alors aux grands projets urbains, notamment celui de l'ingénieur Alphand, qui imagine le boulevard des Pyrénées. Il préconise à la fin du 19e siècle l'élargissement de la place Royale qu'il trouve «insuffisante pour la foule qui s'y (pressait) les jours de fête».
En 1907, l'architecte Léopold Carlier dessine une ossature en béton armé, technique novatrice pour l'époque, qui enveloppe l'édifice existant : cette enveloppe cache la façade initiale et réussit une parfaite intégration au boulevard. A l'arrivée du funiculaire en 1908, sa position centrale en fait une plateforme idéale pour créer le lien entre la ville haute et la ville basse. En 2012, sa réhabilitation valorise l’édifice par l’emploi de la couleur qui attire l’attention sur l’élégance de sa structure et sa singularité.
L'Hôtel de ville et le théâtre Saint-Louis
Les origines de l’hôtel de ville et du théâtre Saint-Louis sont insolites. Le nom même de ce lieu emblématique de la culture paloise signale cette curiosité. C’est à une église inachevée qu’il doit son nom actuel. Celle-ci est commencée en 1687, en même temps que la place Royale adjacente. Faute de moyens, elle reste à l'état de fondations durant un siècle et demi, servant parfois de théâtre temporaire.
Au 19e siècle, la ville de Pau concède sur cet emplacement la construction d'un immeuble hébergeant un théâtre, une salle des fêtes et un cercle. Ainsi au nord de l'édifice des éléments de l’église, maçonneries et contreforts, sont remployés pour la construction de la salle de spectacle. Les dessins s’appuient alors sur un premier projet de théâtre datant de 1839, celui de Pierre-Bernard Lefranc, alors architecte au château de Pau. Les plans sont par la suite adaptés par l'architecte Gustave Lévy, choisi par les nouveaux concessionnaires. Ceux-ci s'obligent à construire «dans un délai de 4 ans un théâtre et une salle de concert ou de bal ». Réalisés en 1862, il offre une parenté stylistique avec l'hôtel de ville-théâtre de Saint-Omer ou encore le théâtre Soufflot de Lyon.
La façade donnant sur la place Royale offre au passant un décor particulièrement riche. Les éléments qui la composent, illustrent d’emblée la fonction initiale du lieu: un temple dédié à la culture. Ainsi la travée centrale est surmontée d’un imposant fronton cintré dans lequel est sculpté une composition où la Renommée couronne les allégories du théâtre et de la musique, au-dessus d'une horloge.
L'actuel Hôtel de ville est à l'origine entièrement dédié à la musique et au théâtre. Il est un haut lieu de la société mondaine caractéristique de la villégiature de la fin du XIXème siècle. La municipalité paloise le rachète et y installe ses locaux dès 1878. Depuis, la vie du théâtre se combine à celle de l'administration.
L'église Saint-Jacques
Au 17e siècle, l’installation du couvent des Cordeliers et la construction de leur chapelle sont à l’origine du développement de ce nouveau quartier de la ville. Dès la fin du 18e siècle, au départ des frères, le couvent connaît des usages successifs : services municipaux, bibliothèque et justice de paix.
Mais l’état de vétusté du couvent nécessite sa destruction. À sa place, le nouveau Palais de Justice est construit en 1855 dans un style néoclassique, sous la houlette de Latapie, architecte de la ville.
A cette époque, la petite chapelle des Cordeliers n’est plus en mesure d’accueillir ses fidèles, toujours plus nombreux. Le projet d’une nouvelle église est lancé. Mais celui-ci est concurrencé par la construction de l’église Saint-Martin sur le prestigieux boulevard du Midi.
De cette rivalité naît le désir de construire un édifice plus haut et sans l’appui des finances publiques. Grâce à une souscription auprès des Palois, l’église Saint-Jacques est construite en 1868. De style néogothique, elle a retrouvé ses deux flèches lors de la campagne de restauration de 2012. Elle est en outre dotée d’un riche décor intérieur composé de 54 magnifiques verrières réalisées par l’atelier Thibaud et de toiles marouflées des peintres Joseph Castaing et Henri Morisset.
La Villa Lawrance et son parc
La villa Lawrance est construite vers 1855 sous le nom de Villa Schlumberger, par la famille Schlumberger, une famille Alsacienne venue s'installer à Pau durant la moitié du 19e siècle. Elle était à l'origine considérée comme villa de campagne, les Schlumberger ayant une maison de ville située le long du boulevard des Pyrénées. En 1893, la famille Lawrance, une riche famille américaine, fait l'acquisition de la propriété et la renomme villa Lawrance. Monsieur Francis Cooper Lawrance et son épouse Madame Francès Adélaïde Graner étaient propriétaires rentiers, sujets de l'Etat de New York aux États-Unis. En 1940, Fanny L. Vernon, la petite fille de M. et Mme Lawrance, souhaite vendre la propriété. Elle fait alors une offre à la ville de Pau qui a pour projet d'y créer un jardin public afin d’embellir la ville. Les palois se familiarisent très vite avec ce parc aux lignes douces, composé d’allées courbes successives sur une pente à peine perceptible, où se détachent, sur des tapis de pelouse, des arbres admirables, en groupe ou en isolé. Depuis la façade Sud de la villa, une remarquable vue de jardin fait la part belle aux « grands vénérables » : cèdres de l’Atlas, liquidambar, magnolias, hêtres, tulipier de Virginie…
Depuis 2002, la Villa Lawrance est le siège du Cercle Anglais au son rez-de-chaussée et de l’Académie de Béarn à l’étage.
Les villas paloises
C'est au XVIIIe siècle que la villa, c'est-à-dire la demeure de plaisance, devient un thème majeur de l'architecture. A Pau, le phénomène émerge à partir du milieu du 19e siècle. Pau, dite «ville anglaise», voit les riches hivernants non seulement britanniques mais aussi américains, français, espagnols, néerlandais, russes … y prendre leurs quartiers. Ce sont alors plus de 300 villas qui sont édifiées sur un peu moins d’un siècle pour répondre au mode vie de cette élite. Pau possède une grande diversité dans l’architecture et le style de ses villas néo-classique ou italianisante en passant par le néo-régionalisme.
Dans ces années-là, une villa, c’est une belle demeure entourée d’un parc isolé de plusieurs hectares comme en témoigne la villa Lawrance. La villa ne se situe alors pas au cœur de la ville mais aux abords de celle-ci, là où se trouve les grands espaces. Deux typologies de propriétés se distinguent, celle de plaisance avec aussi parfois une fonction locative quand le propriétaire n’est pas là et celle du notable qui y habite à l’année.
A Pau, une exposition vers le sud et les Pyrénées va être recherchée avec un point de vue, d’où des constructions sur le boulevard des Pyrénées, comme l’actuelle Banque de France et l’avenue Trespoey avec les villas Saint-Basil’s ou Sorrento.
D’autres propriétaires recherchent une ambiance plus à la campagne propice aux loisirs tels que la chasse ou l’équitation. Les allées de Morlaàs ou le nord de la ville offre ces prestations à l’image des villas Ridgway, Saint-Hélène…